Camus et le Terrorisme
« J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément dans les rues d’Alger par exemple, et qui peut un jour frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. » En condamnant la terreur comme système politique et arme de guerre, Camus est devenu le bouc émissaire de l’intelligentsia. La fameuse apostrophe par laquelle il honnit le terrorisme a été souvent déformée ; elle lui est toujours reprochée. À ses yeux, le terrorisme est le fléau de notre époque. L’organisation terroriste, parce qu’elle s’attaque à des civils innocents, parce qu’elle postule la diabolisation de l’adversaire et met en avant l’idée de responsabilité collective, reproduit ce qu’elle voulait abolir : l’arbitraire. Elle joue toujours contre la justice. Camus a distingué le terrorisme révolutionnaire et le terrorisme d’État, mais pressenti qu’on pouvait passer de l’un à l’autre. « Quelle que soit la cause que l’on défend, elle restera toujours déshonorée par le massacre aveugle d’une foule innocente. »
Comme l’écrivit La Bruyère, il apparaît de temps en temps sur la surface de la Terre des hommes rares. Tel fut Albert Camus. Ennemi du terrorisme d’État, ennemi du terrorisme tout court, il fut la voix de ceux que l’on privait de parole. Pour lui, l’axe fondamental de l’action politique devait être de ne pas consentir au Mal et de ne pas légitimer le meurtre. Une leçon qui ne sera jamais perdue.