Fille de Harki
Il y a 40 ans, la guerre d’Algérie s’achevait, laissant, des deux côtés de la méditerranée, des blessures profondes. De nombreux acteurs ou victimes de cette guerre qui fut aussi fratricide, s’enfonçaient dans le silence pour tenter d’oublier.
40 ans après, faute d’avoir pu dire toute la vérité, toute la complexité de cette guerre, les souffrances de ceux qui ont perdu un pays, des membres de la famille ou espoir dans l’homme, sont toujours là, enkystées.
Une première vague de « mémoires » a pu s’exprimer, avec les témoignages de victimes algériennes de la torture, puis ceux des « appelés » partis trop jeunes mener une guerre qui n’avait pas de sens pour eux et dont à leur retour, on ne voulut plus entendre parler.
Il reste à entendre la mémoire de ceux qui ont été doublement victimes, les harkis, souvent pris entre deux loyautés, ou jetés par les circonstances dans le camp de la France. La vérité impose de sortir des visions simplificatrices ou manipulatrices de l’histoire. Certes, si l’on était algérien en 1955 en Algérie, il peut sembler, avec le recul du temps, qu’il était logique de se battre pour l’indépendance. Mais qui peut oser dire qu’en temps de guerre les choix se posent aussi clairement pour tous, que le choix même dans certains cas, ait existé ?
En lisant ce témoignage documenté, mesuré, de Fatima Besnaci-Lancou, on comprend comment des hommes, pris entre deux loyautés, ont pu être amenés à se ranger dans le camp de la France, entraînant du même coup, femmes et enfants dans l’exil.
Fatima Besnaci-Lancou écrit aujourd’hui pour que ses enfants aient le droit d’être fiers de leurs racines, et qu’enfin des paroles officielles, des deux côtés de la méditerranée, reconnaissent les responsabilités partagées du malheur des harkis. Une magnifique contribution à l’écriture de l’histoire récente de nos deux pays.