J'entends encore la mer
"Le bateau se détache du bord et Vincent voit la ville s’éloigner. Là-bas, sous les arcades, dans les rues où file un vent si tiède, dans les ruelles bruyantes de Bab-el-Oued, dans la rue Michelet, ou plus loin encore, vers les montagnes, à Sétif ou Tizi Ouzou, partout où il a été, où il a vécu, sont ancrés ses souvenirs, ses réminiscences de petit garçon, d'adolescent, de jeune homme.
Tout à côté, un type vomit par-dessus la balustrade. Ce n’est pas le mal de mer, c’est trop tôt pour ça. Ce type vomit à cause d’un verre de trop… ou à cause de l’Algérie.
La bile c’est comme les regrets, il faudrait les jeter à la baille. Impossible pour Vincent de jeter quoi que ce soit, impossible. Il transpire, les larmes emplissent ses yeux. Non, il ne veut pas pleurer. Il fait un effort colossal sur lui-même. Il n’a jamais pleuré, jamais! Ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer."
Tout en contrastes, le parcours d’un pied-noir pour une page poignante d’histoire de France et d’Algérie. Les images sautent au visage, les couleurs brûlent la rétine, l’émotion prend à la gorge. Un voyage dans le temps et l’espace, un exil dont, à l’image de son personnage, on ne revient pas indemne. Une réussite.
Prix algérianiste Jean Pomier 2006, Prix du roman.
"Mon petit éditeur", 104 pages.