La tragédie dissimulée - Oran, 5 juillet 1962
« Comme à l’accoutumée, le matin du 5 juillet 1962, j’ai effectué ma tournée. Il était environ 11 heures. Arrivé devant la morgue, je n’en croyais pas mes yeux. Un carnage ! Là, devant moi, une camionnette civile avec des ridelles était chargée de corps d’européens sans vie, empilés les uns sur les autres et ramassés en ville quelques temps plus tôt... »
Le témoignage d’Antoine Romero, comme des dizaines d’autres, ne souffre d’aucune ambiguïté : le 5 juillet à Oran, jour choisi pour célébrer dans la liesse l’indépendance de l’Algérie acquise quelques mois plus tôt, « on » a massacré des centaines d’européens. Et les troupes françaises, encore présentes dans la ville, sont restées consignées dans leurs casernes. Comme leur avait ordonné le Président de Gaulle...
Cette journée eut des conséquences dramatiques, poussant à l’exil des milliers de gens. Pourtant, pendant des décennies, cet évènement fut occulté, un silence coupable soigneusement entretenu des deux côtés de la Méditerranée s’installa, et la désinformation triompha.
S’appuyant sur des archives militaires inédites, sur des documents internes de la Croix-Rouge et sur de nombreux récits de survivants, l’historien Jean Monneret révèle, pour la première fois, tous les tenants et les aboutissant de cette « tragédie dissimulée ».